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appesantie sur l’Atlantique et sur ses îles, et sur Graciosa pis qu’ailleurs. De toutes les disgrâces auxquelles leur naufragesque mésaventure condamnait inéluctablement les hôtes de la feue Feuille de Rose, la moindre était sans contredit l’obligation présente de coucher à la belle étoile. Nul refroidissement, nulle courbature et pas même le plus faible rhume de cerveau n’était, en l’occurrence, à craindre pour personne.

Par ailleurs, don Juan Bazan et ser Carlo Alghero avaient naguère constaté que, sous la voûte accueillante de la caverne au Grand Puits, le sable était si fin à la fois et si épais qu’on y pouvait coucher, voire coucher le plus confortablement du monde. (Ser Carlo et don Juan n’en étaient d’ailleurs que plus à blâmer, et plus à plaindre aussi, de s’êlre, dans le premier accès de leur mauvaise humeur, si légèrement écartés d’un dortoir si tentant.)

Au fait, quoique le dit dortoir fût certes d’assez bonne taille pour donner place à dix ou douze dormeurs, nul doute qu’il ne devînt d’autant plus logeable qu’on fût moins nombreux à s’y loger. Personne donc n’objecta rien — et pas même lord Nettlewood, quoique, défenseur et gardien de la morale, de la religion et de toutes les disciplines, — quand plusieurs des naufragés prétendirent, l’heure du repos ayant sonné, à se reposer hors la caverne, et chacun à part les autres.

Le luminaire manquait naturellement. Ce pourquoi, dès le coucher du soleil, il ne pouvait guère être question de beaucoup prolonger la veillée. De bonne heure, M. de la Cadière, lui le premier, annonça son intention de ne point dormir dans l’abri commun.

Il protesta en même temps de sa parfaite déférence envers toute la compagnie, et d’abord envers lord Nettlewood.