Page:Les œuvres libres - volume 1, 1921.djvu/76

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…Le Puits de la Vérité exhalait ses miasmes formidables…

Reggie Ashton, qui n’était pas méchant, sauf quand il estimait profitable de l’être, protesta généreusement :

— Nettlewood ! cheer up ! Ne jetez pas ainsi le manche après la hache !… Quoi ? l’Irlande, le Sinn-Fein et tout ce qui s’ensuit ? Et bien ?… Vous avez été dur pour toute cette racaille, soit !… l’Enfer et l’Irlande se ressemblent d’assez près, d’accord !… et la vieille Russie, sous ses tsars, connaissait certes plus de liberté que la verte Erin sous ses landlords… Mais quoi ! vous n’en aviez que plus de raisons pour lutter, d’avance, contre un bolchevisme probable… Et puis, et surtout, vous n’avez rien inventé en fait d’horreurs : vos ancêtres vous avaient tout appris… Vous avez imité, sans davantage… vous avez même adouci. Rappelez-vous Cromwell, et le carnage de Drogheda : on ouvrit le ventre des femmes enceintes, pour tuer jusqu’aux Irlandais à naître… Et rappelez-vous aussi votre pure vierge-reine, cette grande Elisabeth, la Jeanne d’Arc d’Angleterre…

— Reggie ! — cria le lord de Galloway, — Reggie ! ne blasphémez pas !…

…Le Puits de la Vérité s’en mêlait sûrement encore, et pis que jamais…

Et, comme Reggie, tout stupéfait, demeurait bouche ouverte, et ne blasphémait plus :

— Reggie, — répéta, une fois de plus, lord Nettlewood, qui semblait s’accrocher au prénom de son confident comme un noyé s’accroche à n’importe quelle branche, fût-elle un serpent, — Reggie, ne mentons plus ! l’heure est trop grave ! Ne mentons pas et ne mettons pas dans un même sac la sainte martyre française, — assassinée par