Page:Les œuvres libres - volume 24, 1923.djvu/308

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— Alors, fais encore une fois comme auparavant, et peut-être se remettra-t-elle tout à fait.

— Comme tu es stupide, est-ce que je puis le faire ? Cela ne venait pas de moi, mais de plus haut. Le faire à nouveau, c’est impossible. Mais je t’ai déjà dit qu’elle se remettrait, de quoi t’inquiètes-tu ?

J’étais toute perplexe. Je ne crois pas aux miracles, mais c’est égal, quelle étrange coïncidence ! Alice va mieux. Qu est-ce que cela signifie ? Jamais je n’oublierai son visage, quand il me tenait les mains. De vivant qu’il était, il était devenu absolument cadavérique… je tremble quand j’y pense.

28 novembre.

Nous sommes allées chez lui le soir. Il n’y avait personne. Il avait ordonné de dire à tout le monde qu’il n’était pas à la maison. Quand nous montâmes chez lui, je remarquai près de la porte deux policiers.

— Comment se fait-il que tu soies toujours suivi par des policiers ?

— Eh quoi ! je ne manque pas d’ennemis. Pour eux tous, je suis leur cauchemar. Ils voudraient bien m’expédier quelque part, mais va te faire fiche, les mains sont trop courtes.

— On t’aime et on te choye beaucoup à Tsarskoïe ?

— Oui, ils m’aiment, lui et elle. Lui, il m’aime encore davantage. Comment ne pas m’aimer et ne pas me choyer. Si je ne suis plus, c’en sera fait d’eux, c’en sera fait de la Russie.

Lola et moi nous échangeâmes des regards. J’étais, au fond, indignée de son outrecuidance inouïe.

— Frantik, tu penses peut-être que je m’en fais accroire ? Je connais bien tes pensées. Non,