Page:Les œuvres libres - volume 24, 1923.djvu/32

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

brouillard gris, la bruine, et l’humidité visqueuse des altitudes froides…

Or, je descendais, ce soir-là, vers le Temple, et, plus bas, vers la Ville, qui, soleil couché, s’endormait.

… Tandis que le Temple s’éveillait, lui, aux premiers psaumes de la vesprée. Et je voyais rougeoyer dans l’ombre les vitraux des ogives… Car le Temple du Nord, étroit et long, très haut, percé d’étranges rosaces, et dominé de flèches aiguës, ressemble par bien des traits à telle ou telle de nos églises gothiques…

Je descendais donc, ce soir-là, vers le Temple du Nord, et, d’abord, vers le Ravin Terrible…

Qu’étais-je, au juste, dans ce monde de là-bas ? cela ne se peut guère expliquer… quelque chose, certes, de très considérable, mais, ici, sans équivalent. J’étais l’être dont le salut et la sécurité importent fort à tous, puisque je marchais, descendant vers le Ravin, vers le Temple et vers la Ville, environné d’une garde aux rangs serrés, et que cette garde, attentive et anxieuse, eût vingt fois tout risqué, soi-même, pour m’épargner, à moi, la vingtième fraction du moindre risque…

Et nous descendions tous ensemble ; et nos pas résonnaient sur la route dure, dans le silence du soir, en éveillant, çà et là, d’étranges échos.

Beaucoup plus bas, j’apercevais, chaque fois que la route, doublant une saillie du roc, tournait court, le Temple, plus proche au fur et à mesure que nous avancions, moi et ma garde.

Et c’est un Temple très étrange que le Temple du Nord.

Il est comme j’ai dit : très étroit, très long, et plus haut encore ; et tout hérissé d’ogives, de gargouilles et de flèches. Mais, d’abord, le Temple