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mille précautions de la Marie à La Douane, où le directeur, M. Lebon, avait fait préparer une salle ornée, pour la circonstance, de fleurs et de draperies. Saint Célestin, ensuite, fut porté en grande pompe par les rues pleines de monde à la cathédrale, où il fut installé. Ensuite, ce fut un défilé, plusieurs semaines durant, de pénitents qui venaient faire leur cour au saint nouveau et lui souhaiter la bienvenue.

La fille du commandant de Saint-Cast assista à cette cérémonie aux côtés de Robert Surcouf, son parrain. Elle suivit la procession, vêtue de blanc comme un Jésus, et s’agenouilla devant les reposoirs dressés sur le parcours des reliques. Cette fête devait avoir sur le système nerveux de l’enfant, une répercussion extraordinaire : le lendemain, sa mère la trouva en prières dans sa chambre devant un autel improvisé ; Anne-Marie, exaltée, lui déclara qu’elle était touchée de la grâce et la supplia de l’autoriser, lorsqu’elle aurait terminé son éducation, à commencer son noviciat, afin de pouvoir entrer en temps voulu dans l’ordre du Carmel.

Comme elle n’avait encore que onze ans, la mère ne s’inquiéta guère de l’exaltation subite de la petite fille, qui traversa par la suite une véritable crise de mysticisme religieux, mais il lui fallut néanmoins intervenir, quand cette future nonne prétendit jeûner et s’infliger, pour ses péchés, des châtiments corporels en vue d’obtenir les bonnes grâces de la Vierge et de saint Célestin, logé à cette heure dans le chœur de la cathédrale, aux côtés de saint Malo lui-même, patron de la cité.

Cette crise de mysticisme dura quatre ans ; la première communion se fit pendant ce temps. Mme de Saint-Cast, qui surveillait sa fille, la vit en peu de semaines dépérir au point qu’elle dut plusieurs fois faire appel au médecin, qui recom-