phalte, M. Charibot recevait en pleine figure l’extrémité d’un brancard. Il fila sous les injures comme un lapin vers son terrier.
— Peau de fesse !… Gueule de raie !… C’est ce matin que t’es arrivé de ton village, ballot !… C’ qu’il faut voir, tout de même !… Va donc, eh ! moisissure !…
— Elle devrait s’appeler Andrée… rêvait Charibot. Andrée… quel beau nom !… Il unit ce que la grâce féminine possède de plus doux et de plus désarmé, à tout ce qu’une âme droite peut contenir de force et de sérénité !…
Satisfait de la phrase qu’il venait de composer mentalement, il s’arrêta un instant, et la transcrivit sur son carnet. Puis son corps et ses rêves repartirent.
— Si elle avait passé là, tout à l’heure, et que ce voyou l’eût insultée, je me précipitais sur lui… Avant qu’il eût compris ce qui lui arrivait, je le couchais dans le ruisseau, d’un coup de poing… Elle me tend la main, ses yeux brillent de larmes, elle me sourit :
« Vous m’avez sauvée !… Soyez mon ami… Je suis seule, je n’ai pas de famille. Vous serez tout pour moi, si vous m’aimez un peu. » « — Andrée… Andrée… ma vie est à vous !… »
Il pénétra, automatiquement, dans l’entrée voûtée et dallée d’un vieil immeuble, et se hâta pour dépasser la loge des concierges, le plus vite possible. Une fois de plus, M. et Mme Diamant s’expliquaient sur leurs mérites réciproques, leurs sentiments respectifs, et leurs relations extérieures. Grande, osseuse, couperosée, son long nez toujours rouge et toujours humide, Mme Diamant hurlait, avec un accent du Béarn où roulaient tous les rochers des gaves :
— Fumier !… Bandit !… Tu m’as volé vingt francs dans mon armoire !… C’est pour payer des bonbons à des petites filles !… Tu en as emmené une hier dans les chambres de bonnes !… Je te dénoncerai, satyre !
Petit, blafard, infiniment correct et cérémonieux, M. Diamant, maître d’hôtel, — extras pour noces et