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LA DENT D’HERCULE PETITGRIS

— Oui, vous le pouvez… Vous le devez même… Tout cela doit se terminer entre vous et moi, et d’une façon absolument normale… Il n’y a aucun motif pour que nous n’arrivions pas à un accord…

— L’accord, je vous l’ai proposé, madame de Bois-Vernay n’a pas voulu.

— Elle non, mais moi ?

Rouxval parut surpris, cette distinction entre sa femme et lui, Petitgris l’avait déjà faite, tout à l’heure.

— Expliquez-vous.

Le comte semblait embarrassé. L’attitude indécise, prenant des pauses après chaque phrase, il prononça :

— J’ai pour ma femme, monsieur le Ministre, un attachement qui n’a pas de bornes… et qui m’entraîne à des faiblesses… dangereuses. C’est ce qui est advenu. La mort de notre pauvre fils l’avait bouleversée au point que deux fois, malgré ses sentiments religieux, elle se livra à des tentatives de suicide. C’était devenu chez elle une obsession. Malgré ma surveillance, il est certain qu’elle serait arrivée à mettre à exécution son affreux projet. C’est alors que j’eus la visite de Maxime Lériot et que, au cours de notre conversation, il me vint l’idée de combiner… cette entreprise…

Il reculait devant les paroles décisives. Rouxval, de plus en plus irrité, objecta :

— Nous perdons notre temps, monsieur, puisque je sais à quoi vos machinations ont abouti. Et cela seul importe.

— C’est précisément parce que cela seul importe, dit M. de Bois-Vernay, que j’insiste. Du fait que vous avez découvert les préparatifs d’un acte, vous avez conclu trop hâtivement, et plutôt par appréhension, à l’accomplissement de cet acte. Or, il n’en fut pas ainsi.

Rouxval ne comprenait pas.

— Il n’en fut pas ainsi ? Cependant vous n’avez pas protesté.