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Page:Les Aventures de Huck Finn.djvu/49

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dère. Peu à peu le bruit des voix devint moins distinct. J’avais dépassé le bac. Lorsque je me relevai, je me trouvais à deux milles et demi de l’île Jackson, que Tom appelait toujours l’île des pirates depuis le séjour que nous y avions fait. Couverte d’arbres, elle se dressait presque au milieu du fleuve comme un grand steamer dont on aurait éteint les lumières. La plage de sable de la pointe était complètement submergée. Grâce à la force du courant, le trajet fut vite accompli. Je manœuvrai de façon à tourner l’île pour aborder sur la rive qui s’étend en face de la côte de l’Illinois. J’amarrai le canot dans une anse profonde que je connaissais bien et où il serait invisible, même en plein jour.

Je n’avais pas beaucoup ramé et pourtant je tombais de fatigue, ou plutôt de sommeil. J’entrai dans le bois ; je m’étendis sur l’herbe et je ne tardai pas à m’endormir, heureux d’avoir reconquis ma liberté.