Page:Les Aventures de Huck Finn.djvu/74

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
VII
mademoiselle williamson.


— Entrez, cria la femme.

J’entrai, et, après m’avoir regardé un instant, elle me dit de prendre une chaise.

— Comment t’appelles-tu ? me demanda-t-elle.

— Sarah Williamson.

— Tu demeures dans la ville ?

— Non, madame. Je suis de Hookerdale, à sept milles plus bas. J’ai fait le chemin à pied et je tombe de fatigue.

— Et tu as faim, je parie ? Heureusement, le garde-manger n’est pas vide.

— Merci, madame ; ce n’est pas la peine de vous déranger. J’avais si faim que j’ai dû m’arrêter dans une ferme à deux milles d’ici. Voilà pourquoi j’arrive si tard. Ma mère est malade ; elle n’a plus d’argent, et je viens trouver mon oncle Abner Moore. Il demeure tout en haut de la ville, à ce qu’elle m’a dit. C’est la première fois que je lui rends visite. Vous devez le connaître ?

— Abner Moore ? Non. Il n’y a pas deux semaines qu’il a fallu quitter notre belle ferme de l’Ohio pour venir habiter cette bicoque, de sorte que je ne suis pas à même de te renseigner. Le plus simple, c’est de passer la nuit ici. Là, ôte ton chapeau.

— Non, non ; merci, madame. Laissez-moi seulement me reposer un instant.

— Eh bien, mon mari sera de retour dans une heure ou une heure et demie. Il en sait peut-être plus que moi, et il t’accompagnera un bout de chemin.