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CHAPITRE XXIX

Les Allemands à Châtillon. — Le sous-officier Schirmer. — Mme  Defert part à la recherche du corps de Jean.


Le même jour où Jean tombait sous les balles prussiennes, les Allemands faisaient leur entrée à Châtillon. Déjà depuis plusieurs jours on signalait leurs fourrageurs dans les environs. On voyait passer dans les rues de longues files de paysans, qui fuyaient affolés devant l’invasion. Ils allaient devant eux, sans savoir où, emmenant leur bétail, et emportant ce qu’ils pouvaient de leur pauvre mobilier. À toutes les questions ils répondaient : « Ils pillent, brûlent et tuent. »

Ces bruits alarmants, répandus par les Allemands eux-mêmes, qui en avaient le bénéfice sans en avoir la responsabilité, étaient fort exagérés. Mais dans des circonstances aussi désastreuses, on croyait tout. Bien des gens avaient quitté Châtillon pour chercher un refuge dans le Midi. Mme  Defert était trop sensée pour croire à de pareilles nouvelles ; elle refusa absolument de quitter sa maison. Si tous ceux qui peuvent partir s’en vont, dit-elle, que deviendront les pauvres