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LES BRAVES GENS.

« J’espère, dit-il en la remettant à Mme Defert, que par respect pour votre malheur, et par considération pour moi, mon ami vous viendra en aide de tout son pouvoir. Oubliez, madame, ajouta-t-il avec chaleur, ce qu’a pu vous dire de fâcheux ce jeune lieutenant à tête folle qui sort d’ici, car j’ai vu dès en entrant qu’il ne vous avait pas témoigné tout le respect dont vous êtes digne. »

Schültz, mandé de nouveau par le capitaine, alla à la recherche des soldats du régiment de Châtillon. Tous s’accordèrent à dire que Jean avait été tué, mais ils ne savaient pas même le nom du hameau où ils n’avaient passé que quelques heures. Le capitaine, la casquette à la main, reconduisit Mme Defert jusqu’à sa voiture, et, s’inclinant respectueusement à la portière, il lui souhaita un heureux voyage. Par un mouvement de reconnaissance bien naturel, Mme Defert allait lui tendre la main, mais une répugnance plus forte que sa volonté fit qu’elle retira la main, et s’enveloppa en frissonnant dans son manteau « Avez-vous encore votre mère ? dit-elle au capitaine d’une voix émue.

— Oui, madame.

— Que Dieu la bénisse, et lui épargne la douleur de pleurer son fils. » Et elle se jeta au fond de la voiture en se cachant la figure dans son mouchoir. Là-dessus le capitaine prit congé et s’éloigna tout pensif, et la voiture se mit à gravir lentement la côte.