Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/9

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rées, si besoin est, quoique très riche. Il n’y a pas longtemps qu’elle fut en couche. Avant de parvenir à sa chambre, on passoit par deux autres chambres très belles, où se trouvoient des grands lits richement encourtinés ; dans la seconde chambre, un grand dressoir étoit couvert, comme un autel, de vaisselle d’argent ; de là, on entroit dans la chambre de l’accouchée. Cette chambre étoit grande et belle, toute tendue de tapisserie faite à la devise de la dame, ornée très richement de fin or de Chippre ; le lit, grand et beau, encourtiné d’un riche parement ; les tappis tout alentour sur lesquels on marchoit étoient d’étoffe d’or ; les grands draps de parement qu’on appercevoit par dessous la couverture étoient d’une toile de Reims si fine, qu’on la prisoit plus de trois cents francs ; par dessus cette couverture, toute tissue d’or, étoit un grand drap de lin, aussi delié que soye, tout d’une pièce et sans couture, ce qui est une invention nouvelle et d’un grand prix, qu’on estimoit plus de deux cents francs. Ce drap étoit si grand et si large, qu’il couvroit de tous côtés le grand lict de parement, et passoit les bords de la couverture. Dans cette chambre de l’accouchée, il y avoit un grand dressoir tout paré, couvert de vaisselle dorée. Dans ce beau lit étoit la gisante accouchée, vêtue d’une grande robe de soye cramoisie, appuyée sur des oreillers de soye pareille, ornés de gros boutons en perles. Dieu sait les dépenses superflues en fêtes, bains, qui, suivant les usages de Paris, eurent lieu pendant ces couches ! Elles furent tellement extraordinaires, qu’elles méritent d’être citées dans un livre. Il en fut parlé dans la chambre de la