Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/115

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calotte dit : Madame, depuis que la teste est à bas, tout le reste ne vaut plus rien. Je l’ay bien remarqué en nous depuis la mort de feu Mgr. le connestable : nous y perdons plus de cent mil escus ; ses deux frères33 n’y perdent pas moins. Il y en eut un l’autre jour qui pensa mourir à Saumur de despit : il voulut jouër en trois rafles avec un certain de la cour ; mais de malheur il ne sceut amener qu’une rafle de quatre, et l’autre luy donna une rafle de cinq. Aussi il ne faut jamais s’adresser à des mareschaux : ils sont du naturel des chevaux, ils ruent.

— Mamie, dit une dame de la cour, la decadence de l’un, c’est l’eslèvement de l’autre : le marquis d’Ancre est tombé, Luyne a pris sa place ; Luyne est tombé. Pour trois pelerins qui alloyent en Esmaü, on vit aussitost naistre quatre evangelistes dans le conseil. Maintenant on ne faict plus rien que par l’advis de M. le prince de Condé, c’est le ressort de la guerre34 ; mais le roi


33. L’un étoit Honoré d’Albert, qu’on appela d’abord M. de Cadenet, à cause du château patrimonial, puis M. de Chaulne, quand il eut épousé Charlotte d’Ailly, dame de Pocquigny et de Chaulne, l’unique héritière de cette illustre maison. Fait maréchal à l’occasion de ce mariage, il fut plus tard créé duc. Le second frère du connétable, Léon d’Albert, qu’on nommoit M. de Brantes, épousa une fille de la maison de Luxembourg. Il en prit le nom et les armes pleines, et s’intitula duc de Luxembourg et de Piney.

34. Le prince de Condé, catholique assez indifférent jus-