Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/116

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commence à s’ingerer dans les affaires plus avant qu’il n’avoit encore faict ; luy-mesme il veut assister à tout ce qui se delibère. Cela sera cause que plusieurs n’oseront desrober si hardiment que l’an passé.

Une femme de Tresorier d’auprès l’hostel de Guise, voulant mettre son nez en cette cause : Arrive, dit-elle, ce qui pourra, Monsieur de Joinville ne s’en soucie pas ; il est maintenant remplumé35, il a l’oyseau et les plumes. Qu’il le faict beau voir avec les diamans du connestable !


que alors, et guerrier très calme, s’étoit pris tout à coup d’une grande haine contre les huguenots et d’une belle ardeur belliqueuse. Bien qu’on n’en comprît pas la raison, qui n’étoit autre, à ce qu’il paroît, que certain espoir fondé sur une prédiction qui lui promettoit la couronne à l’âge qu’il avoit alors, et qui le portoit à se faire chef d’armée d’abord, pour mériter mieux d’être chef d’état ensuite. Bien qu’on eût cette soudaine résolution en défiance, comme on y trouvoit une nouvelle force contre les rebelles, on n’étoit pas sans y applaudir. C’est ce qui justifie ce passage des Caquets sur l’influence de Condé dans le conseil. V., sur toute sa conduite alors, et sur ce qu’on en pensoit, Vittorio Siri, Memorie recondite, t. 5, p. 404, et Mém. de Richelieu, Coll. Petitot, 2e série, t. 21, p. 326.

35. Le prince de Joinville, fils du Balafré et frère du duc de Guise, ainsi que de Louis de Lorraine, cardinal de Guise, devoit à sa fidélité pour le parti de la cour le rétablissement de ses affaires. V. sur lui les Lettres de Richelieu, publiées, par M. Avenel, dans la Collection de documents inédits, t. 1, p. 462, 475.