Comme il se rit du soing et du travail que ce pauvre deffunct a eu d’acquérir tant de richesses ! On luy demandoit l’autre jour quelque debte qui estoit sur le registre dès long temps : Ouy da, dit-il, il est raison que je vous paye : ma femme, outre son bien, m’a donné cent mille escus pour payer mes debtes.
— Que voulez-vous, ma commère ! dit une rousse du mesme cartier, ainsi va la fortune : l’un monte, l’autre descend. Pour moy, je ne l’ay jamais esprouvé favorable à mes désirs : j’ay dix enfans en nostre logis, dont le plus grand n’a que xij. ans ; il me met hors du sens ; j’avois fait venir un pedan de l’université pour le tenir en bride, mais il y a perdu son latin. Ils seront en fin contraints d’aller demander l’aumosne, si le temps dure.
— Il y a tant de pauvres maintenant, dit une bourgeoise de qualité, que nous en sommes mangez. Je ne sçay comment on ne fait pas un reiglement sur le desordre ; mais ceux qui ont charge des bureaux sont bien aises de pescher en eau trouble.
— Il y a un moyen très facille d’y remedier, dit la veufve d’un eschevin. Du temps que mon mary estoit en charge, il y voulut apporter un expedient ; mais les gros bonnets n’y voulurent jamais songer. Premierement, ou les pauvres sont impuissans, ou habiles à faire quelque chose : si