Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/125

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d’honneur ; plusieurs montent aujourd’huy de la cave à la première chambre. — Vous ne dictes jamais rien plus vray, Madame : il a des moyens, à la verité. Mais vous, qui estes toute fraiche, vous sçavez bien que ce n’est pas là la consequence ; les premiers feux sont tousjours plus cuisans, et les premières flammes plus poignantes que les dernières45.

— Comment, se dit une de ces anciennes voisines, vous avez donc aymé quelque autre, qui avoit preoccupé vostre cœur devant le mariage ? — Ouy, Madame ; mais la consideration des biens a aveuglé mes parens46 à me faire embrasser un party où je n’ay eu d’affections47.

— Là, là, Madame, dit une autre, vous estes dans les biens jusques aux yeux ; cela vous doit porter à passer vostre printemps parmi les delices du monde. — Si nous avons du bien, replicqua-elle, nous ne l’avons pas acquis, encor nous faut-il soustenir de grands procez48 pour l’usurper ; mais à tout le moins il se faut resouldre : tout ce qu’est bon à prendre, comme on dit, sera bon à rendre.

— Encor vaut-il mieux faire restitution que de se laisser excommunier, dit une vieille qui avoit fait son temps.



45. Var. Le Recueil général ajoute : Car j’aimais un de notre vacation.

46. Var. Rec. gén. : Mon père et ma mère.

47. Var. Le Rec. gén. ajoute : Ny n’en auray jamais.

48. Var. Le Rec. gén. ajoute ici : Des héritiers.