Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/198

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jamais esté il ne parleront plus des chiffres ny de l’estat de secretaire des camps et armées, monsieur le chevalier manda à Laffemas19 qu’il feignist de cesser la poursuitte, et la fist faire sous le nom d’un autre.

— M’amie, dit la maistresse des Comptes, quand tout le monde l’auroit quitté, monsieur le president Aubery20 ne l’abbandonnera pas.

— Madamoiselle, dit la secretaire, s’il n’y avoit que luy, il n’auroit que faire de craindre ; il est aysé à recuser, à cause de la composition qu’il faict avec des assignez d’un mandement de l’espargne, pour laquelle il eust un adjournement personnel au parlement. Hé ! pleust à Dieu seulement qu’il puisse gaigner le semestre de juillet ! J’espère, quoy que l’on die, qu’il sortira heureusement de son affaire, et emportera la victoire sur ses ennemis.

— Madamoiselle, dit la femme d’un autre se-


19. C’est le même qui devint si fameux plus tard comme lieutenant civil, et l’âme damnée de Richelieu. Il ne prit qu’en 1638 cette charge, qu’il garda jusqu’à sa mort, en 1650. À l’époque dont il est parlé ici, il étoit maître des requêtes.

20. Le président Jean-Robert Aubry ou Aubery, conseiller d’État, mourut doyen du conseil dans un âge très avancé. On l’appeloit Robert le Diable. Tallemant n’en voit de raison que dans sa brusquerie. En somme, dit-il, sa femme, qu’il ne tourmentoit guère, « étoit plus diablesse qu’il n’étoit diable. » Tallemant, édit. in-12, t. 8, p. 23.