Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/232

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pect des mœurs, et certainement il est plus à propos d’honorer l’ame de belles actions que de parer son corps de beaux vestements, qui ne servent en effect que de desguisement quand on y apporte tant de sorte d’inventions.

La marchande passementière, qui voyoit bien que c’estoit d’elle qu’on parloit particulièrement, fit forme d’avoir affaire à son logis, et sur ce discours print congé de la compagnie. La sortie de laquelle apporta une plus grande licence de parler d’elle ; et qui en entama le discours, ce fut la procureuse, qui dict : Vrayement, la marchande qui vient de sortir a bien changé de poil depuis qu’elle a quitté sa boutique ; la cognoissez-vous bien particulièrement, Mesdames ?

À ceste demande, personne ne voulut respondre que la petite affetée de notaire, qui dict que du temps qu’elle estoit fille on en parloit fort, et qu’elle alloit la nuict trouver un certain homme pour coucher avec luy, et qu’affin de n’estre recognuë qu’elle prenoit un habit desguisé.

— Son mary estoit donc aux champs quand elle faisoit ce train-là ? respondit la procureuse.

— Non, non, Madame, luy repliqua la notaire ; c’estoit luy-mesme qui luy faisoit aller, et ceste façon de faire a duré deux ans et plus, et puis le badin en est devenu jaloux jusques là que de l’avoir accusé d’adultère.

— Madame, Madame, soulagez un peu l’hon-