Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/233

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neur de vostre voisine, luy dit la quinquallière ; on ne sçait pas ce qui nous peut arriver : toutes choses estans sujettes aux changemens, il faut peu de chose pour nous renverser veritablement.

La quinquallière avoit raison de parler de la sorte, car elle a les talons si cours qu’il ne faut la pousser guère fort pour la faire choir, et de cecy je m’en rapporte à ce qui en a esté escript et produict, ainsi qu’il se voit par le libelle cy-dessus, extraict des memoires curieux d’un des beaux esprits de ce temps qui la cognoit assez familièrement.

Cet entretien commença de desplaire à l’accouchée ; aussi elle fit en sorte de faire signe à la garde de luy apporter la colation, ce qui occasionna les bourgeoises de sortir et de prendre congé d’elle, au moyen de quoy elle print relasche d’une demy-heure ; et après ce temps une autre compagnie vint la saluer, qui se tint avec elle jusques au soir.

Les discours que ceste compagnie tint n’ennuyoient pas l’accouchée comme les autres : car on n’usa jamais de mesdisance, sinon qu’une mercière de la ruë de la Harpe, enquesteuse au possible des affaires d’autruy, comme on parloit de la misère du temps, accusans en partie la sienne, ne peut s’empescher de parler d’un de la vacation de son mary, qui a quitté sa boutique du Palais pour faire faire monstre à ses filles ; elle