Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/236

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sont assez advenantes ; toutesfois, Madame, j’estimerois que vous ne ferez pas mal d’en mettre quelqu’une en religion.

— En religion ! respondit cette procureuse ; vrayment, il faut autant d’argent pour le jourd’huy pour y mettre une fille comme à la mettre en son mesnage ; je m’y suis assez employée pour ma grande, lorsque je l’ay veuë reformée en ses habits ; mais je n’y ay rien gaigné.

Là-dessus une esrattée de perruquière de la mesme ruë, voulant donner son advis, et enseigner un moyen de mettre lesdites filles en religion, parla de celles où sont les capucines33 ; mais à ceste objection ladite damoiselle luy respondit que c’estoient discours, et qu’il y falloit avoir de l’argent aussi bien qu’ailleurs, ou bien de grands amis qui procurent le moyen d’y entrer.

Une bourgeoise de la rue Quincampois, ayant dessein de terminer l’affliction de la procureuse, luy dit : Madame, ne vous affligez point tant de vos filles ; Dieu y donnera ordre à les pourvoir, et fera que quelques uns de ses bons serviteurs y mettront la main. On parle, ce dit-elle, d’une nouvelle religion ou les filles de maison seront


33. Les capucines s’étoient établies, de 1604 à 1606, dans le couvent qui a gardé leur nom.