Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/265

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vellement erigée de tavernière en grand’ et superbe marchande, commence à dire :

— Comment ! ma cousine, n’avez-vous pas ouy parler de la drollerie qui s’est joüée dernièrement en un pelerinage qui se fit à Nostre-Dame-des-Vertus ?

— Aussi vray, ma cousine, respondit l’autre, voilà les premières nouvelles que j’aye encore ouy parler.

— C’est la plus plaisante tragedie que vous oüites jamais, dit une vieille de la ruë de la Harpe.

— Pour vous commencer ces discours, ma cousine, dit la première, vous devez sçavoir qu’aujourd’huy chacun en prend où il en peut attrapper. Deux jeunes dames que plusieurs cognoissent…

— Ne sont-elles pas de la paroisse Sainct-Germain ? dit une fille de chambre.

— Il n’importe de quel cartier elles soient : il ne les faut pas nommer. Elles alloient en fin l’autre jour en pelerinage à Nostre-Dame-des-Vertus, accompagnées de deux braves courtisans qui, dès longtemps ayant fait la partie, ne cherchoient que l’occasion de trouver un tripot afin d’achever le jeu en quatre ou cinq coups de grille6. Leurs maris, qu’on dit n’estre point de justice, car, s’ils


6. Terme de jeu de paume ou tripot.