Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/284

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serviront plus d’espions comme ils font aux coins des ruës ; et quand à mesdames les servantes, elles n’auront plus la peine de se confesser du revenu de l’ance du panier, qui leur sera une consolation à leur esprit et une esperance de mieux faire que celles du passé, lesquelles, après avoir bien ferré la mule et s’estre pourveuës à leurs fantaisies, ont esté contrainctes enfin d’achepter une escuelle de bois : tesmoin une certaine galande qui se voit maintenant entre midy et une heure à la porte de monsieur le president ou aux environs, attendant la caristade. »

En suitte de ce discours il y avoit une reprimande contre l’autheur du Caquet de l’accouchée, en consideration de ce qu’il avoit recité d’une marchande de soye de ceste ville, qui disoit avoir vendu pour douze cens livres d’estoffes pour la fiancée d’un thresorier de Picardie. Aussi quelle apparence de se gausser ou dire que l’on s’est gaussé d’un homme de ceste qualité pour avoir fait une petite despence, car encores qu’il n’ait que douze cens livres de gages, n’y a-il pas le tour du baston, qui vaut mieux que tout, et qui peut entretenir le carosse et les laquais, outre l’ordinaire du logis ? Laissons là les thresoriers, c’est un crime d’en parler en temps de guerre : le trouble du temps et leur bel esprit les licencie ; bref, il n’est pas temps d’en faire la recherche : nous sommes en un temps d’estat auquel les armes sont