Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/305

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lacquais portent l’espée11 après nous ? C’est pour leur apprendre le mestier de tirelaine, car, quant ils nous ont servy cinq ou six ans, nous leur donnons quinze ou vingt escus de recompense pour achepter un manteau rouge12, pour estre les Achiles d’un bordel ou guetteurs d’un coing de ruë13.

Il croit depriser M. de Soubize quand il dit (errari), et il ne voit pas qu’il a imité ce vieil capitaine Anguerrant de Marigny14, qui s’est fait poser sur le portail du Palais15 pour s’enfuir le premier lorsque le feu brulleroit les roys.



11. V. sur cet abus des laquais porteurs d’épée, et sur la défense qui y mit fin en 1654, nos Variétés historiques et littéraires, tome 1, p. 283, note 1, et 284, note 3.

12. V. plus haut pour ce vêtement des bandits d’alors.

13. Personne ne comprit mieux que M. d’Angoulême l’emploi que les laquais mis à la retraite devoient faire de leurs loisirs. Même pendant qu’ils étoient à son service, s’ils lui demandoient leurs gages, il ne les payoit que de ce beau conseil : « C’est à vous à vous pourvoir. Quatre rues aboutissent à l’hôtel d’Angoulême, vous êtes en beau lieu, profitez-en. » Tallemant, édit. in-12, t. 1, p. 221.

14. C’est sans doute à cause de la capitainerie du Louvre, dont il étoit en effet investi, qu’Enguerrand de Marigny est traité ici de capitaine.

15. Cette statue d’Enguerrand de Marigny ne fut placée sur le portail du Palais qu’après le jugement qui le réhabilita. On lisoit au dessous :

Chacun soit content de ses biens ;
Qui n’a suffisance n’a rien.