Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/59

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latan promettoit de guarir toutes sortes de maux en vingt-quatre heures pour une pièce de huict sols.

Je suis bien miserable, ce di-je alors, d’avoir despencé tant d’argent à me faire medeciner, et avoir eu tant de mal, puis qu’avec si peu d’argent on peut recouvrer sa santé ! Et comme je me plaignois, marmotant entre mes dents, un homme de la trouppe, qui m’escoutoit, me toucha sur l’espaule et me dit : Ne vous faschez point de n’avoir usé de ses drogues : j’en ay acheté plusieurs fois, et pour beaucoup d’argent, pour me guarir le mal d’estomach, les dents et les caterres ; j’ay trouvé, pour en avoir usé, mon malestre augmenté, et ce qui estoit mal procedant de chaleur voire augmenté en chaleur, et ce qui estoit trop froid s’estre converty en mauvaise humeur. C’est pourquoy je l’abandonne et le donne au diable avec mon argent.

Je disois qu’en cela l’advis du medecin ne me plaisoit plus, et que, si celuy de l’accouchée estoit pareil, que j’avois perdu mon argent aussi mal à propos que celuy qui avoit acheté les drogues du charlatan.

Le lendemain, pour executer l’advis tout entier, je fus adverty qu’une mienne cousine demeurant ruë Quimquempoix, autrement dicte ruë des Mauvaises Paroles5, estoit accouchée il n’y avoit que


5. La rue Quincampoix ne porta jamais le nom de rue des Mauvaises-Paroles, qu’on ne lui donne ici sans doute qu’à