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Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/60

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deux jours, laquelle j’alay voir, et, après avoir congratulé l’accouchée, je la priay me donner ce contentement de me cacher à la ruelle du lict aux apresdinées, pour entendre le discours des femmes qui la venoient voir ; ce qu’elle m’octroya facilement, à la charge de l’en dispenser si j’estois antiché de la maladie de la toux, parce que pour rien elle ne voudroit cela estre descouvert.

Or, pour le faire court, le lendemain vingt-quatriesme avril, je m’y transporte sur le midy, où, comme l’on m’avoit promis, je trouve à la ruelle du lict une chaire tapissée pour me seoir, et une petite selle pour mettre mes pieds. L’on ferme le rideau, et tout incontinent après, à une heure attendant deux, arrivèrent, de toutes parts, toutes sortes de belles dames, damoiselles, jeunes, vieilles, riches et mediocres, de toutes façons, qui, après avoir faict le salut ordinaire, prindrent place chacun selon son rang et dignité, puis commencèrent à caqueter comme il s’ensuit.

Qui commença la querelle, ce fut la mère de l’accouchée, qui estoit assise proche le chevet du lict, à costé droict de sa fille, qui respondoit à une damoiselle qui lui demandoit combien sa fille


cause des commères qui s’y trouvoient en nombre. Tallemant, peut-être pour la même raison, dit, dans une note de l’historiette de Scudéry (t. 9, p. 146), qu’on l’appeloit aussi rue des Cocus.