Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/61

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avoit d’enfans, et si c’estoit le premier ? La fille accouchée rioit et n’osoit parler, luy ayant esté deffendu, à cause de la fièvre causée de la multitude de son laict, et la mère respond : Vramy, Madamoiselle, c’est le septiesme, dont je suis fort estonnée. Si j’eusse bien pensé que ma fille eust esté si viste en besongne, je luy eusse laissé gratter son devant jusques à l’aage de vingt-quatre ans sans estre mariée ; je ne fusse pas maintenant à la peine de voir tant de canailles à ma queuë. — Eh ! Madame, ce dit la damoiselle, resjouyssez-vous, ce n’est que benediction ! — Par S. Jean, dit la mère, ce sont biens de Dieu, mais ce ne sont pas des meilleurs, maintenant que l’on a tant de peine à marier les filles et pourvoir les garçons ; il faudra à la fin, bon gré mal gré qu’ils en ayent, qu’ils soyent moynes et religieuses, car les offices et les mariages sont trop chers.

— C’est la vérité ce que Madame dit, ce fit une damoiselle de haut parage : je resens bien en moy-mesme ceste incommodité, et toutes les financières de mon calibre qui s’estoient deliberez de pourvoir leurs filles à de la noblesse, pour avoir du support cy-après, en cas de recherche des financiers6. J’ay veu que nous estions quittes de tels mariages pour cinquante ou soixante mil escus ; mais à present que l’un de nos confrères a


6. Cette recherche des financiers pour leurs malversa-