Aller au contenu

Page:Les Eddas, trad. Puget, 2e édition.djvu/30

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
16
le voyage de gylfe.

charrue entra si profondément dans le sol, qu’il se détacha, et les bœufs l’entraînèrent dans la mer, en se dirigeant vers l’Occident ; ils s’arrêtèrent dans un détroit où Géfion fixa cette pièce de terre, qu’elle nomma Sélande. Un lac remplaça le terrain enlevé : c’est le Méler, dont les baies correspondent exactement avec les promontoires de la Sélande. Voici ce que dit à cette occasion le skald Brage l’ancien :

« Géfion, bien joyeuse, enleva au riche Gylfe le terrain qui devait agrandir le Dannemark. Les bœufs avaient tant de hâte, qu’un nuage de poussière marquait leur trace. Ils avaient entre eux quatre têtes et huit yeux. »

2. Le roi Gylfe, homme judicieux et sage, était fort surpris de voir comme toutes choses réussissaient aux Ases. Fallait-il l’attribuer à leur puissance, ou bien aux dieux qu’ils servaient ? Afin de résoudre cette question, Gylfe se mit en route pour Asgôrd ; il partit secrètement et sous la forme d’un vieillard, dans l’espoir qu’il ne serait pas reconnu. Mais les Ases avaient le don de deviner l’avenir, et ils étaient plus savants que Gylfe. Instruits de son voyage, ils firent les préparatifs nécessaires pour la vision suivante. Lorsque Gylfe entra dans la ville, il vit un palais tellement élevé,

    titude de récits surprenants émanés des partisans d’Odin. Suivant eux, les habitants de Jœtenhem étaient des êtres difformes, des monstres cruels, des démons hideux, d’une force et d’une taille extraordinaires, des magiciens, des sorciers de la plus mauvaise nature, enfin les ennemis des dieux. Ils menaçaient l’armée entière des Ases des plus grands malheurs, et les dieux savaient que ces géants causeraient leur perte et détruiraient le monde. (Tr.)