LA MÈRE D’ACTRICE. 87
Saint-Robort, mais vous avez toujours tout mcilli’ur niarchi^ que les autres.
— C’est que je sais chercher, ma bonne... .l’ai le nez à la marchandise...» Chut ! — Le sous-régisseur a frappé les trois coups obligés. Le nouvel ouvrage, sur lequel l’administration fonde les plus grandes espérances, se produit devant le public.
La Saint-Robert et la Saint-Phar ne manquent pas de donner carrière à leur langue pendant le cours dv la représentation.
i< Regardez donc c’te Léonide !... cst-elIc faite... elle croit p’t-étre avoir des z’anches, tandis qu’elle n’a que deux coins de rue qui font tomber sa robe des deux côtés .h ! ah ! ah !
— Et Francine... reprend la Sainl-Phar, voyez donc comme elle minaude , comme elle joue de l’œil avec les gants jaunes de l’avant-scène... C’est indécent, foi d’honnête femme... Ah ! si j’étais tant seulement quel([ue chose ici, elle n’y ferait pas de vieux os...
— Dites donc... manie Saint-Phar, il me semble qu’on appelle azor ’ .
— Déjà... .Nous n’en sommes encore qu’au second acte...
— Aussi... je leur disais bien ce matin que leur ouvrage était mal écrite.
— Bon ! voil ; Alfred qui fait four i dans sa grande tirade... Au vrai... j’n'en suis pas fâchée... Depuis que c’gareon-là s’est un peu lancé dans le moyen âge , on n’iM-ut plus en approcher... il est fier comme un pont f
— Dites donc... dites donc... mame Saint-Phar, mais voilà qu’on appelle encore .•zor... Ça va mal... Ah I si ma tille n’était pas là pour soutenir la chose...
— Votre fille !... manie Saint-Robert. ..je n’ai pas voulu en faire la remarque tout à l’heure... mais il me semble qu’elle a été un peu traiaillée ’*.
— Travaillée !... ma fille !... s’écrie la Saint-Robert. Ah ça ! vous êtes donc sourde ? on l’applaudissait à faire crouler la salle...
— (Jui... les Romains <... mais le vrai public... Ah ! ce n’est pas comme ma fille, mon Eugénie ! Quel succès elle a eu hier ! Ses claqueurs , à elle, étaient partout dans les loges, aux stalles d’orchestre, à l’avant-scène A la bonne heure...
— La Saint-Phar, vous me faites pitié !... Comme si on ne connaissait pas le talent de votre fille... Elle ne sait pas seulement marcher...
— Ce n’est jws votre grosse Aurélic qui le lui apprendra , toujours... Elle ne marche pas, celle-là... elle roule depuis la coulisse jusqu’à la rampe...
— Ça vaut mieux que d’être maigre à écorcher ceux qui sont en scène avec vous...
— Aurélie n’a des rôles que parce qu’elle fait la cour aux auteurs...
— Eugénie ne jouerait pas si elle n’était pas au mieux avec le régisseur...
— Votre fille n’est qu’un bouche-trou.
’ Terme d’argot dramatique : appeler azor vciil dire sif/ler.
- Ne pas produire d ’effet.
5 Chutèe , mai reçue par le public.
- tes ctaqueurs.