Page:Les Français peints par eux-mêmes - tome I, 1840.djvu/201

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i.AVoii :. ij-’

De loul son hwc iraulicfois. il ne coiisi-iAO (|Ul’ sa robe «le cliambif el ses paiiloiifios : car les paiUmilles et la robe de oliaiiibie sont deux accessoires indispensables à la mise en scène d’une élude d’avoué a Paris. La robe de cliandii e el les |ianloulles sont, en quelque sorte, l’uniforme de l’avoué trônant dans sou cabinet et dans l’exercice de ses fonctions. Il en a le monopole ; on ne voit point de clerc, pas mOme le niaitre-clerc. se permettre la robe de cliandire. lùl-elle de simple imlienne, ou les pantoufles, fût-ce de celles qu’on débite "a vingt-neuf sous sur le boulevard. C’est la piérogalive de l’avoué ; or, nous vivons dans un temps ou le moindre des pouvoirs est tenacemenl jaloux de sa prérogative, jalou.ï même jusqu’au ridicide. qui du reste est leur prcrosative "a tous.

Mais si l’avoué marié est plutôt néglige que coiphi ilaiis sa mise, en revanche sou cabinet de réception est décoré avec une richesse el une élé^^ance reinariinablos. dn’est pas pour se rendre le travail plus facile ou plus aiiréable ; c’est uniipiement un nouveau calcul de sa part. Le luxe du cabinet sert "a l’avoué de Paris, îi rencontre de ses clients, coiiiine !<■ luxe des vêtements lui a servi ’a rencontre de sa femme.

Ce sybaritisme du cabinet devient jilus saillant encore par l’humble sini|>licilé. on pourrait même dire sans calomnie par la malpropreté enfumée de l’école. Aussi, pour que l’effet du contraste ne soit pas perdu, l’avoué emploie le procédé eu usane dans les Panoramas, où l’on fait traverser au spectateur de sombres couloirs, pour que son œil se repose avec complaisance sur le jour bien ménagé du tableau. Dans ce but, l’appartement de l’avoué est toujours disposé de manière ’a ce que le client ait besoin de passer par l’élude pour pénéirer dans le cabinet. C’est un talent de mise en scène dont la Iradilion se perpétue dans toutes les cliarges. L’avoué de Paris est matinal. 11 se lève ordinairemenl ii huit heures, el s’inslalle dans son cabinet "a dix heures au [«lus lard, lui été. il couclie ii la campagne, car presque toujours l’avoué possèdeou loue une tvunpagne, où il séjourne depuis le samedi soir jusqu’au mardi malin, les avoués de Paris ayant l’habitude île faire le lundi comme les ouvriers.

En hiver, il passe de sa chambre ’a coucher dans son cabinet. A dix heures les portes en sont ouvertes, et les clients qui fout antichambre dans l’étude depuis, neufs heures, peuvent enlin pénétrer dans le sanctuaire. Dans le tête-’a-tête, l’avoué parle au client de son affaire : c’est naturel, puisque tel est le but de la visite du client. Mais ce n’est la. |)our ainsi dire, (|u un prétexte pour l’avoué. Après avoiraligné quelques mots techniques relativement au proc-ès qu’il ne connaît pas et doirl il a seulement appris le résumé par cœur, l’avoué généralise la conversation. Il possède un talent merveilleux pour capliver l’atlenlion de son interlocuteur- : il l’amuse, l’intéresse, l’amorce, le circonvient. Bref, lorsque l’avoué a noué des relations ave<-un plaideur qui peut devenir une bonne pratique, il ue s’en fait pas seulement un client pi’odrrclif. mais bien aussi une connaissance, un habitué de la maison ou plutôt de l’étrrde.ll y a. dans chaijue élude de Paris, un assortiment de (làrreuisqui vorri chez leur avoué comme on va "a la bibliothèque ou au Jardiu-des-Planles. La visite ii l’avoué se classe <lans la r-épartition clc leur- temps. Ils ont rrn avoué avec (|ui ils