Page:Les Français peints par eux-mêmes - tome I, 1840.djvu/203

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

L’AVOUE. (Il

Ces bals, le cioini-t-on. sont l’effroi des cleres île l’élude, qui voient arriver celle iillil (le délices aec plus de teneur encore (|u’iine nuit de garde cixiijue. (l’est i|uc pour eux la corvée de l’élude passcalors pour queUpies heures dans le salon ! L’avoué les a charriés de recruter le jiliis de danseurs possiliie. et c’est a ces danseurs étraii-Sjers qu appartiennent de di-oit les belles et aimables danseuses. Quant aux clercs de l’élude, le patron, en vertu des droits qu’il a sur eux, les commet d’office pour servir de cavaliers aux vieilles présidentes, aux avocates sur le retour, aux clientes a leur automne, en un mol a toutes les prétenlions suraimées qui convoitent l’agitation du ipiadrille. et (pie la charité chrétienne peut seule exempter du désagrément de faire tapisserie. Les infortunésclercs traînent toute la nuit le boulet de ces rigaudons forcés. Galériens du bal, ils ne sont jamais libérés avant cinq heures du matin. On voit par tout ce <|ui vient d èlre dit sur la distribulion de sa journée . (pie l’avoué joue le r(Med’un agent d affaires plutijt que celui d un véritable avoué. L’élude n’est qu’un accessoire, sinon dans son budget, du moins dans la distribution de son travail personnel. Voici comment cette élude est gérée ’a côté, ou plut(’it en dehors du patron.

La direction appartient au premier clerc qui est plus avoué que l’avoué lui-même. Le second clerc fait la procédure d’après les instructions de son supérieur immédiat. Le tioisième clerc fait ce qu’on appelle le palais. C’est lui qui fait viser les dossiers au greffe, qui fait inscrire les causes au n’de, qui répond a l’appel de raudience, sollicite des remises , etc. H est aussi l’intermédiaire obligé entre l’élude et les avoc<its. C’est, en un mot, l’ambassadeur de l’avoué près le Palais-de-.luslice. .u (piatrième rang viennent un ou plusieurs étudiants en droit, "a qui leurs parents ont bien recommandé de travailler chez un avoué, tant pour occuper leurs courts loisirs que pour se fortifier dans le droit et la procédure. Ces clercs amateurs ne sont pas pavés, et ils en donneni a 1 avou( ])ourson argent. Leur travail "a lélude c(Misisle "a faire des vaudevilles (]ui seront refusés aux Folies-Dramatiques, ou des lettres d’amour qui souvent obtiennent le même succès auprès des modistes du coin. Reste le dernier clerc, qu’on appelle dans le monde profane saute-riihscnu , et que, dans la langue technique, on nomme le jielil-cl’^rc. Celui-là est chargé des courses de l’étude. C’est ordinairement un enfant de quinze a dix-huit ans ; mais quelquefois il est grand garçon, bien qu’il s’appelle pelil-clerc. J’ai connu un petit-clerc (|ui n’avait pas moins de trente ans.

Une étude d’avoué l’aitporte ’a Paris de vingt-cinq mille ’a (luatre-vingt mille francs ; la moyenne du produit net serait "a peu près de cinquante mille francs. Or, Il est reconnu que si telle étude dont le titulaire tire cinquante mille francs était génV (Yinime jiresque toutes les études dans les déparlements, elle rapporterait, même d’après le tarif de Paris, vingt mille francs tout au plus. D’où vient cette énorme différence’ ?

C’est que l’avoué de province (j’entends l’avoué simple et candide I ne compte dans ses déboursés que les sommes réellement sorties de sa bourse, ouant "a ses émoluments, c’est-a-dire au prix des actes faits dans son étude, ils ne s’élèvent jamais au delli du chiffre sirici auquel les besoins de l’affaire devaient nécessairement le jiorler.