Page:Les Français peints par eux-mêmes - tome I, 1840.djvu/204

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l-<2 L’AVOli :.

Chez l’avoué de Paris, c’est bien différent. D’une paît il u y a pas que des défioui ses dans ses (/ét()/(r,vc« ; et d’autre part, dans ses éiiidluinenls ll ;iurent des arliele. dont le simple énoncé frapperait de stupéfaction l’avoué de [iiovinco (j entends toujours l’avoué simple et candide ).

En résumé, l’avoué de Paris coiii])lique la procédure autant que possilile ; tandis que l’avoué de province cherche f ;énéralement a la simpiilier ; pour arriver au but, l’avoué de i>rovince prend le plus court chemin, pendant que l’avoué de Paris suit le plus long détour, sachant bien que la route n’est pas semée pour lui de ronces et de pierres. Il introduit le plus d’incidents qu’il peut dans la même cause ; il entasse instances sur instances, il ente procès sur procès. Il ne fait i>as seulement les actes nécessaires au procès, il commet tous ceux que la loi autorise directement ou indirectement. Bref, son talent consiste à /ai/ c S !(e/( c’est le mot) aune cause tout ce qu’il est légalement possible d’en extraire en la pressurant.

11 me serait aisé d’énumérer une foule d’espèces où se révèlent le génie le plus profond et l’adresse la plus incontestable. La requête, comme pièce de presque tous les procès, et la Hcitaiioii, comme sujet de |>rocédure spéciale, jouant le plus fort rôle dans la caisse de l’avoué, s’offrent de prime-abord a mon choix.

— La requête est une plaidoirie anticipée, un mémoire où sont relatés les moyens de la défense. L’avoué défendeur eu signilie une copie a chacun de ses adversaires. C’est un des actes les plus productifs de la procédure ; car l’avoué se fait payer fort cher la rédaction de l’diiginal, et la loi taxe assez haut les droils de co|)ie. Toutefois, il est divers moyens d’augmenter encore le produit delà requête. Je ne veux point parler de la méthode qui consiste a ne mettre dans les copies que dix-huit lignes a la page, et sept ou huit syllabes a la ligne, quoique les règlements exigent vingt-cinq lignes à la page, et quinze syllabes ;i la ligne : c’est un péché d’habitude dont l’avoué de province n’est pas plus exempt que l’avoué de Paris, et cela ne vaut pas la peine d’êlre relevé. Mais il arrive parfois (|ue l’avoué ou ses clercs ont négligé de fabrique !’ la requèle en temps utile, et que la cille de laudience survient a l’impioviste sans qu’on ait songé h cette partie essentielle. On ne peut cependant perdre ainsi l’occasion d’une re(|uêle... Voici le moyen auquel on a recours. Comme on n’aurai ! pas le temps de transcrire une requèle entière, l’avoué se contenle designilier h l’avoué de son adversaire une lin de rc(|uc(c ; puis, lorsque vient le moment de la taxe, si elle est requise , la pièce est liclivement rétablie après coup, et soufflée de manière h produire un chiffre de rôles proportionné a l’importance de l’affaire. C’est ce qui s’appelle en argot d’étude, sujuifier en queue. Quelques avoués ont adopté le moyen non inoiirs adroit de signilier, entre un commencement et une fin de requête véritable, un vieux cahier de jtapier tiiubré, que lerrr’ collègue leur renvoie et qiri sert ainsi une seconde fois, puis urre troisième, puis une qualrième, jusqu’à ce que les feuillets ou le lil soient loutir fait usés. Je sais une étude où le même cahier a subi un service de plus d’un lustre, et a rapporté à lui seul près de six mille francs.

— La Ueitnttnn est la vente judiciaire d rrir imincirblc qiri n’est pas susceptible d cire partagé en rraluie.