Page:Les Français peints par eux-mêmes - tome I, 1840.djvu/315

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LA FKMMK DE CIIAMBRK. 231

mal , et la falijîuail drscs assidiiiirs. Durinc n’est pas moins l)i)nne f|ii’aiilio(’ois, l’Iiabiliide n’a fait (jnedévelopixT miii atlaeheinenl ; mais son zèle e^i plusnlile, pane ipril est plus éelain’. A l’oree d’observer et de rOfléehii-, l’cspiil lui tsi venu . comme il iciu

toutes les Hlles. Aus>i, voyez, combien elle a Ki ;’" eomm<’ elle porte maiiilenaiit

avec giike son galant unifnrme ! Inc line clianssuie a remplacé l’ignoble soulier large etgrimaçant (jui déshonorait son ])led. Comme il est aujourd’hui fièrement posé, ce charmant petit |)ied de duchesse, et bien attaché A celte jambe de danseuse ! Ooiine ne ftiit plus , comme autrefois, gémir le pan|ue( et crisper tout le système lU’rveux de sa maîtresse. Dorine ne marche plus, elle glisse ! — Dernier perfectionnement de la femme de chambre ! Ce mot contient tout un poëme : c’est ’omégfi de la science ; il résume toutes les autres facultés. Si vous voulez, juger du mérite d’une femme de chambre, faites-la marcher deant vous : l’épreuve est infaillible ; vous devinerez A son allure ce qu’elle est et .d’où elle vient ; vous reconnaitiez le cachet de la femme comme il faut dans sa tourimre élégante et facile ; la bourgeoise reparaîtra dans la na’ive prétention de sa démarche, et soyez persuadé que le vernis de la femme comme il en faut n’aura pas moins déteint sur la désinvolimc que sur les manières et le langage de la soubrette. On écrirait un livre sur ce sujet. — Glisser n’est pas seulement une grAce dans la femme de chambre, c’est aussi un talent précieux . ineslinial)le pour sa maîtresse et pour elle-même ; c’est toujours une cpialilé ; c'e>t souvent une vertu. Dorine a maintenant un petit port de reine. A la voir traverser légèrement le salon, A son maintien gracieux et son air tout aimable quand elle est assise, vous la prendriez pour la maîtresse de la maison, n’était l’inévitable tablier et l’indispensable bonnet. Le tablier blanc est parlieulièrement l’abomination de la femme de chambre : c’est sa robe de Msus ; elle le regarde avec colère et ne le touche qu’avec horreur : c’est l’ennemi intime, implacable, qui l’accompagne partout, ([ui la signale, la trahit et la déshonore ! Sans lui, hélas ! combien de jeunes hommes charmants et de riches barbons l’auraient aimée , courtisée , adorée et honorée ! ( )ui la délivrera de la fatale percaline ? Oscar, Alfred, commis ingrats, vous acceptez son cœur et rejetez sa main ! Prenez y garde ! pluti’il que de rester toute sa vie vouée au blanc, comme les vierges dont elle a la figure et non l’insensiliililé. Dorine fera une fin tragique : elle épousera Froutiii , (|ui promet de rari’raiicliir du tablier, ou le petit Figaro , qui lui remet cliai|ue malin des billets doux sous la forme de papilloltes ; elle épouserait , au besoin , le plus éi>ais des garçons de caisse ou le plus crotté des sauteruisseaux. Le tablier est la ligne de démarcation , la .seule barrière qui sépare la femme de chambre de la femme libre (je parle sans épigramme) , barrière si mince , si légère, et pourtant infranchissable ! La femme de diaudire, forcée d’exister avec son tablier, s’en sépare sous le moindre prétexte : c’est la première chose dont el’e se débarrasse en entrant dans sa chambre ; elle le quitte A table ; elle le quitte A l’ofnee, A la cuisine, dans l’antichambre, en traversant le salon , dès que madame est absente ou ne la regarde pas. .l’ai vu plus d’esprjl , plus de ruse féminine ilépensés pour cette petite cuise, cpi’il n’en faudrait pour dénouer l’intrigue la plus embrouillée, et dérouter le plus jaloux des maris. — Des maîtresses inflexibles ont pris pour devise : je maintiendrai, el elles ont maintenu le tablier, .l’ai vu des résistances opiniAtres d’une