Page:Les Lois de Manou, trad. Strehly, 1893.djvu/10

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commode et plus sûr de transcrire purement et simplement un terme spécial de droit ou de religion[1] que de lui chercher en notre langue un équivalent qui risque d’être inexact et insuffisant. Tout en serrant de fort près le texte de Manou, il m’a fallu remédier presque constamment à sa désespérante concision par des explications et des paraphrases tirées du commentaire hindou ; ces additions à l’original sont indiquées par l’emploi de parenthèses. Enfin, pour ne pas dérouter le lecteur, j’ai adopté dans la transcription des noms propres ou autres un système qui n’est pas à l’abri de la critique et que je crois devoir justifier. Dans le texte même de ma traduction je me sers de la graphie la plus simple et la plus naturelle, c’est-à-dire celle qui reproduit le son traditionnel[2] de la lettre sanskrite quand il y a lieu, et ne tiens aucun compte des phonèmes propres à l’alphabet hindou, pour lesquels le nôtre ne possède point d’équivalents. Ainsi je transcris richi et non ṛshi, Soudra[3] et non Çūdra, Tchândâla et non Cāṇḍāla, Vichnou et non Vishṇu. Par contre, dans les notes, qui ont un caractère plus savant et où j’ai été amené parfois à reproduire à titre d’éclaircissement des mots et des expressions du texte ou du commentaire sanskrits, il m’a bien fallu recourir au système artificiel généralement admis pour la transcription des caractères dévanâgaris en lettres latines. Il en résulte qu’on verra le même mot figurer avec deux orthographes légèrement différentes, suivant qu’il se trouve

  1. Par exemple le mot putrikā désigne « une fille qu’un père sans enfant mâle prend au lieu de fils, en tant qu’il revendique pour fils le fils de celle-ci ». Je rends ce terme par « substituée » ou « déléguée, » ce qui n’est qu’un à peu près : il eût été plus aisé et moins compromettant de garder le mot sanskrit.
  2. La valeur véritable de toutes les lettres sanskrites n’est pas toujours bien connue.
  3. J’écris Soudra et non Soûdra, parce qu’en français il n’est pas d’usage de distinguer par l’écriture les deux sons de ou, et que d’ailleurs ce mot reparaît constamment.