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IV
NOTICE

préside un djinn, lequel a ordinairement la forme d’un serpent.

Les Orientaux sont persuadés qu’au moyen de certains talismans ou de certaines invocations on peut asservir un djinn, en faire son esclave. Le meilleur talisman pour arriver à ce résultat est l’anneau de Salomon, anneau que l’on voit fréquemment revenir dans les contes orientaux. Le nom du Dieu Très-haut est gravé sur cet anneau, qui est composé de cuivre et de fer. Le cuivre sert à dompter les djinns musulmans, et le fer les djinns rebelles.

Les péris et les djinns sont, on le conçoit, souvent en guerre. Lorsque ces derniers s’emparent des bons génies, ils les suspendent en l’air dans des cages de fer. Les autres péris s’ingénient alors pour approcher de leurs frères captifs et leurs jettent les parfums qui doivent leur servir de nourriture. Lorsque les djinns reviennent pour tourmenter leurs prisonniers, l’odeur de ces parfums leur cause une torpeur qui paralyse tous leurs mouvements, toute leur volonté.

Tels sont les acteurs indispensables de toutes les scènes capitales des contes orientaux. Les récits de leurs prodiges sont parfois très attrayants, mais ce n’est point, à notre avis, la partie la plus intéressante de ces historiettes merveilleuses.

C’est particulièrement dans les tableaux de mœurs, dans les descriptions de caractères, que brille l’art du conteur. Là, sans presque y prendre garde, il nous fait l’anatomie morale de tout un peuple. Les superstitions religieuses des Orientaux, l’hypocrisie de leurs derviches, les prévarications de leurs cadis, les friponneries de leurs esclaves, les artifices de leurs femmes, tout y est dévoilé et souvent peint de main de maître.

La description des charmes des héroïnes de ces contes mérite aussi d’être signalée. Bien que les portraits de ces