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VI
NOTICE

ce sont les Mille et un Jours et les Mille et une Nuits qui ont su le plus longtemps captiver la faveur générale. Plusieurs générations ont déjà dévoré ces attrayants récits et, bien loin qu’ils soient démodés, on entend toujours des voix qui s’écrient : « Ma sœur, si vous ne dormez pas, contez-moi donc, je vous supplie, un de ces contes que vous contez si bien ! »[1]

Pour ne pas être accusé de partialité, nous devons constater que les Mille et une Nuits ont obtenu un succès encore plus accentué que les Mille et un Jours. Est-ce dù à leur titre, qui semble prêter davantage aux scènes fantastiques ; est-ce dû à l’antériorité de leur apparition en France ? Nous ne le savons, car ces derniers contes ne nous paraissent pas moins intéressants que les premiers, et nous avons pu constater que plusieurs écrivains autorisés étaient de notre avis.

On croit généralement que les Mille et un Jours sont une imitation des Mille et une Nuits. Rien n’est cependant venu jusqu’aujourd’hui confirmer cette supposition, et les érudits ne savent réellement auquel des deux recueils orientaux accorder ta priorité.

Les Mille et une Nuits paraissent être de différentes mains. Quant aux Mille et un Jours, on connaît sinon leur auteur, du moins leur traducteur oriental, celui qui a dû les assembler, les modifier, et aussi les embellir. C’est un derviche nommé Moclah ou Moclès, qui vivait à Ispahan vers le milieu du XVIIIe siècle.

Les biographes de ce célèbre personnage nous le présentent d’une façon très imposante. On croirait vraiment ouïr parler d’un des personnages de ses contes : Moclès était supérieur d’un couvent de derviches mevlévi. Il vivait au milieu de douze disciples vêtus de longues robes de laine

  1. Paroles par lesquelles, dans les Mille et une Nuits, Scheherazade invite chaque matin sa sœur à lui raconter un nouveau conte.