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VII
NOTICE

blanche, et passait pour un savant cabaliste. Le roi Schah-Soliman, lui-même, le respectait à un tel point que lorsqu’il le rencontrait sur son passage, il descendait de cheval et allait baiser ses étriers.

Moclès était, paraît-il, encore fort jeune lorsqu’il traduisit en persan des comédies indiennes dont il existe une version turque à la Bibliothèque nationale sous le titre d’Al Farady baad al chidda (La Joie après l’affliction). Par la suite, il transforma ces comédies en contes, et leur donna le titre de Hezarick Rouz (Mille et un Jours). Ce fut le manuscrit de ce travail qu’il communiqua à Pétis de la Croix, lequel en prit une copie et le traduisit à son retour en France.

Le moment est venu de présenter le traducteur des Mille et un Jours à nos lecteurs :

François Pétis de la Croix naquit à Paris en 1653. Il était fils de François Pétis, savant orientaliste, et suivit la même carrière que son père. Envoyé en Orient par Colbert en 1670, il visita l’Égypte, la Terre-Sainte, la Perse, l’Arménie, etc., et se rendit à Constantinople par l’Asie-Mineure. Pendant ces voyages, il étudia à fond les idiomes, la littérature et les mœurs des peuples orientaux. Il rapporta en France beaucoup de curiosités et nombre de précieux manuscrits qui enrichirent la Bibliothèque du roi. Louis XIV voulut le voir et l’entretenir. Pétis fut nommé secrétaire-interprète pour les langues du Levant au Ministère de la Marine, et eut des missions scientifiques et politiques en Turquie, au Maroc et dans les États Barbaresques. En 1692, il obtint la chaire d’arabe au Collège royal et, quelques années après, l’emploi de secrétaire-interprète du roi qu’avait occupé son père.

Ce fut pendant son séjour à Ispahan, en 1675, que Pétis de la Croix fit la connaissance du derviche Moclès, qui, dit-on, lui donna lui-même des leçons de persan. Outre la