Page:Les Mille et Un Jours, trad. Pétis de la Croix, 1919.djvu/21

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
5
CONTES ORIENTAUX

heureusement. — Eh ! comment vous y prendrez-vous reprit Togrul-Bey ? — Je sais, repartit la nourrice, une infinité d’histoires curieuses, dont le récit peut, en divertissant la princesse, lui ôter la mauvaise opinion qu’elle a des hommes. En lui faisant voir qu’il y a eu des amants fidèles, je la disposerai sans doute insenblement à croire qu’il y en a encore. Enfin, seigneur, ajouta-t-elle, laissez-moi combattre son erreur, je me flatte que je pourrai la dissiper. » Le roi approuva le dessein de la nourrice, qui ne songea plus qu’à trouver des moments favorables pour l’exécuter.

Comme Farrukhnaz passait ordinairement l’après-dînée avec le roi, le prince de Cachemire et toutes les princesses de la cour, à entendre les esclaves du palais chanter et jouer de toutes sortes d’instruments, le matin parut plus commode à Sutlumemé, qui résolut de prendre le temps que la princesse employait à se baigner. Aussi, dès le jour suivant, aussitôt que Farrukhnaz fut dans le bain, la nourrice lui dit : « Je sais une histoire remplie d’événements singuliers ; si ma princesse veut me permettre de la lui conter pour l’amuser, je ne doute point qu’elle n’y prenne beaucoup de plaisir. »

La princesse de Cachemire, moins peut-être pour satisfaire sa curiosité que pour contenter celle de ses femmes qui la pressaient d’entendre cette histoire, permit à Sutlumemé d’en commencer le récit ; ce qu’elle fit dans ces termes.