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LES MILLE ET UN JOURS

cet emploi pourrait, par aversion pour mon vizir, me faire un rapport peu fidèle, je veux aller à Basra et m’informer moi-même de la vérité. Je ferai connaissance avec ce jeune homme dont on me vante la générosité : si l’on m’a dit vrai, je comblerai de bienfaits Giafar, loin de lui savoir mauvais gré de sa franchise ; mais je jure qu’il lui en coûtera la vie s’il m’a fait un mensonge. »

Aussitôt qu’Haroun eut pris cette résolution, il ne songea plus qu’à l’exécuter. Il sortit une nuit secrètement de son palais. Il monte à cheval et se met en chemin, sans vouloir que personne le suive, quelque chose que lui pût dire Zobéide, pour l’engager à ne point partir seul. Étant arrivé à Basra, il descendit au premier caravansérail qu’il trouva en entrant dans la ville, et dont le concierge était un bon vieillard. « Mon père, lui dit Haroun, est-il vrai qu’il y a dans cette ville un jeune homme appelé Aboulcasem, qui surpasse les rois en magnificence et en générosité ? — Oui, seigneur, repartit le concierge ; quand j’aurais cent bouches et dans chacune cent langues, je ne pourrais vous conter toutes les actions généreuses qu’il a faites. » Comme le calife avait besoin de repos, il se coucha après avoir pris quelque nourriture.

Il se leva le lendemain de grand matin et alla se promener dans la ville jusqu’au lever du soleil. Alors, s’approchant de la boutique d’un tailleur, il demanda la demeure d’Aboulcasem. « Eh ! de quel pays venez-vous ? lui dit le tailleur. Il faut que vous ne soyez jamais venu à Basra, puisque vous ne savez pas où demeure le seigneur Aboulcasem. Sa maison est plus connue que le palais du roi… »

La nourrice de Farrukhnaz fut interrompue en cet endroit par l’arrivée d’une esclave qui avait soin