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LES MILLE ET UN JOURS

fort belle salle. Là, le calife dit au jeune homme qu’il avait entendu parler de lui si avantageusement, qu’il n’avait pu résister à l’envie de le voir. Aboulcasem répondit à son compliment d’une manière fort modeste ; et, après l’avoir fait asseoir sur un sopha, lui demanda de quel pays et de quelle profession il était et où il logeait à Basra. « Je suis un marchand de Bagdad, répondit l’empereur, et j’ai pris un logement dans le premier caravansérail que j’ai trouvé en arrivant. »

Après quelques moments de conversation, l’on vit entrer dans la salle douze pages blancs chargés de vases d’agate et de cristal de roche, enrichis de rubis et pleins de liqueurs exquises. Ils étaient suivis de douze esclaves fort belles, dont les unes portaient des bassins de porcelaine remplis de fruits et de fleurs, et les autres des boîtes d’or où il y avait des conserves d’un goût excellent.

Les pages firent l’essai de leurs liqueurs pour les présenter au calife. Ce prince en goûta, et quoique accoutumé aux plus délicieuses de tout l’Orient, il avoua qu’il n’en avait jamais bu de meilleures. L’heure du dîner étant venue sur ces entrefaites, Aboulcasem fit passer son convive dans une autre salle, où ils trouvèrent une table couverte des mets les plus délicats et servis dans des plats d’or massif.

Le repas fini, le jeune homme prit le calife par la main et le mena dans une troisième salle, plus richement meublée que les deux autres, où l’on apporta une prodigieuse quantité de vases d’or, enrichis de pierreries et pleins de toutes sortes de vins, avec des plats de porcelaine remplis de confitures sèches. Pendant que l’hôte et son convive buvaient des plus excellents vins, il entra des chanteurs et des joueurs