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CONTES ORIENTAUX

objet, demeura saisi d’étoimenient. Elle lui fit une profonde révérence et acheva de le charmer en s’approchant de lui. Il la fit asseoir. En même temps Aboulcasem demanda un luth tout accordé. On lui en apporta un composé de bois d’aloès, d’ivoire, de bois de sandal et d’ébène. Il donna cet instrument à la belle esclave, qui en joua si parfaitement qu’Haroun, qui s’y connaissait, s’écria dans l’excès de son admiration : « Ô jeune homme, que votre sort est digne d’envie ! Les plus grands rois du monde, le commandeur des croyants même n’est pas si heureux que vous. »

D’abord qu’Aboulcasem remarqua que son convive était enchanté de la demoiselle, il la prit par la main et la mena hors de la salle.

III

Ce fut une nouvelle mortification pour le calife. Peu s’en fallut qu’il n’éclatât, mais il se contraignit, et son hôte étant revenu dans le moment, ils continuèrent à se réjouir jusqu’au coucher du soleil. Alors Haroun dit au jeune homme : « Ô généreux Aboulcasem, je suis confus du traitement que vous m’avez fait. Permettez-moi de me retirer et de vous laisser en repos. » Le jeune homme de Basra, qui ne voulait point le gêner, lui fît la révérence d’un air gracieux ; et, sans s’opposer à son dessein, le conduisit jusqu’à la porte de son hôtel, en lui demandant pardon de ne l’avoir pas reçu aussi magnifiquement qu’il le méritait.

« Je conviens, disait le calife en retournant au