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LES MILLE ET UN JOURS

étiez content de moi. — Non, répliqua le prince, le ciel m’en est témoin, je suis enchanté de votre politesse ; mais vos présents sont trop précieux. Ils surpassent ceux des rois ; et si j’ose vous dire ce que je pense, vous devriez moins prodiguer vos richesses, et faire réflexion qu’elles peuvent s’épuiser. »

Aboulcasem sourit à ces paroles, et repartit au calife : « Seigneur, je suis bien aise d’apprendre que ce n’est point pour me punir d’avoir commis quelque faute à votre égard que vous voulez refuser mes présents ; et pour vous obliger à les recevoir, je vous dirai que j’en puis faire tous les jours de semblables, et même de plus grands, sans m’incommoder. Je vois bien, ajouta-t-il, que ce discours vous étonne, mais vous cesserez d’en être surpris, quand je vous aurai confié toutes les aventures qui me sont arrivées. Il faut que je vous fasse cette confidence. » En disant cela, il conduisit Haroun dans une salle mille fois plus ornée et plus riche que les autres. Plusieurs cassolettes très douces la parfumaient, et l’on y voyait un trône d’or avec de riches tapis de pied. Al-Raschid ne pouvait se persuader qu’il fût dans la maison d’un particulier ; il croyait être chez un prince plus puissant que lui-même. Le jeune homme le fit monter sur le trône, s’assit à ses côtés, et commença de cette manière l’histoire de sa vie.

IV

« Je suis fils d’un joaillier du Caire nommé Abdelaziz. Il possédait tant de richesses, que craignant d’armer