restait, je me cachai sous le trône, et Dardané alla ouvrir la porte.
Le sultan, suivi de plusieurs eunuques noirs qui portaient des flambeaux, entra d’un air furieux. « Malheureuse ! s’écria-t-il, quel homme est ici avec toi ? On en a vu monter un à une fenêtre de cet appartement, et la corde y est encore attachée. » La dame demeura interdite à ces paroles. Elle ne put répondre un seul mot ; et quand elle aurait osé payer de hardiesse, son effroi ne la condamnait que trop. « Qu’on cherche partout, ajouta le sultan, et que le téméraire n’échappe point à ma vengeance ! » Les eunuques obéirent. Ils m’eurent bientôt découvert. Ils m’arrachèrent de dessous le trône et me traînèrent jusqu’aux pieds de leur maître, qui me dit : « Ô misérable ! quelle est ton audace ! La ville du Caire n’a-t-elle point assez de femmes pour toi, et ne devais-tu pas respecter mon palais ? »
Je n’étais pas moins épouvanté que la favorite. Peu s’en fallut même que je ne tombasse évanoui. Je crois que si la même aventure vous arrivait à Bagdad, et que vous vous trouvassiez surpris par le grand Haroun-al-Raschid dans son sérail (pardonnez-moi, seigneur, cette réflexion), vous ne se seriez peut-être pas dans un autre état. Je n’eus donc pas la force de parler. J’étais à genoux devant le sultan, et je n’attendais que la mort. Ce prince tira son sabre pour me la donner ; mais dans le temps qu’il m’allait frapper, il arriva une