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CONTES ORIENTAUX

lui mettant un bandeau sur les yeux : « C’est à regret, seigneur, lui dit-il, que j’en use de cette sorte avec vous : votre air et vos manières me paraissent dignes d’une confiance… — J’approuve ces précautions, interrompit l’empereur, et je ne vous en sais point mauvais gré. » Aboulcasem le fit descendre par un escalier dérobé dans un jardin d’une vaste étendue ; et, après plusieurs détours, ils entrèrent tous deux dans l’endroit qui recelait le trésor.

C’était un profond et spacieux souterrain, dont une simple pierre couvrait l’entrée. D’abord ils trouvèrent une longue allée en pente et fort obscure, au bout de laquelle il y avait une grande salle que plusieurs escarboucles rendaient très brillante. Quand ils furent arrivés dans cette salle, le jeune homme ôta le bandeau au calife, qui vit avec étonnement tout ce qui s’offrait à ses yeux. Un bassin de marbre blanc qui avait cinquante pieds de circonférence, paraissait au milieu. Il était plein de grosses pièces d’or, et l’on voyait régner tout autour douze colonnes du même métal, qui soutenaient autant de statues de pierres précieuses et admirablement bien travaillées.

Aboulcasem conduisit le prince au bord du bassin, et lui dit : « Ce bassin est profond de trente pieds. Voyez cet amas de pièces d’or. Il n’est encore baissé que de deux doigts. Pensez-vous que je puisse dissiper cela bientôt ? » Haroun, après avoir attentivement regardé le bassin, répondit : « Voilà je l’avoue, d’immenses richesses ; mais vous pouvez les épuiser. — Eh bien, reprit le jeune homme, quand ce bassin sera vide, j’aurai recours à ce que je vais vous montrer. » En disant cela, il le fit passer dans une autre salle encore plus brillante que la première, et où il y avait plusieurs sofas de brocart rouge relevé d’une