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LES MILLE ET UN JOURS

fois n’avoir qu’une fortune médiocre et posséder Dardané, que de vivre sans elle avec tous mes trésors. »

L’empereur admira la constance du fils d’Abdelaziz, mais il l’exhorta à faire tous ses efforts pour vaincre une passion chimérique. Il lui fit ensuite de nouveaux remerciements de la réception qu’il lui avait faite. Après cela, s’en étant retourné au caravansérail, il prit le chemin de Bagdad avec tous les domestiques, le page, la belle esclave et tous les présents qu’il avait reçu d’Aboulcasem.

XI

Deux jours après le départ de ce prince, le vizir Aboulfatah, ayant entendu parler des présents magnifiques qu’Aboulcasem faisait tous les jours aux étrangers qui l’allaient voir, et d’ailleurs, étonné de l’exactitude avec laquelle il lui payait, aussi bien qu’au roi et au lieutenant de police, les sommes promises, résolut de ne rien épargner pour découvrir où pouvait être ce trésor où il puisait tant de richesses. Ce ministre était un de ces méchants hommes à qui les plus grands crimes ne coûtent rien quand ils veulent se satisfaire. Il avait une fille de dix-huit ans d’une beauté ravissante. Elle s’appelait Balkis. Elle avait toutes les bonnes qualités du cœur et de l’esprit. Le prince Aly, neveu du roi de Basra, l’aimait éperdument. Il l’avait déjà demandé à son père, et il devait bientôt l’épouser.

Aboulfatah la fit venir dans son cabinet, et lui dit : « Ma fille, j’ai besoin de vous. Je veux que vous vous