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CONTES ORIENTAUX

pariez de vos plus beaux ajustements, et que vous alliez cette nuit chez Aboulcasem. Il s’agit de lui plaire. Il faut que vous mettiez tout en usage pour charmer ce jeune homme et l’obliger à vous découvrir le trésor qu’il a trouvé. » Balkis frémit à ce discours, et fit voir par avance sur son visage l’horreur qu’elle avait pour la démarche qu’on exigeait de son obéissance. « Seigneur, répondit-elle, que proposez-vous à votre fille ? Songez-vous à quel péril vous voulez l’exposer ? Considérez la honte dont vous allez la couvrir, la tache que vous imprimez à votre honneur, et le sensible outrage que vous ferez au prince Aly, en le privant du prix qui flatte peut-être le plus sa tendresse. — J’ai fait toutes ces réflexions, répliqua le vizir ; mais rien ne peut me détourner de ma résolution, et je vous ordonne de vous préparer à m’obéir. » La jeune Balkis fondit en pleurs à ces paroles. « Au nom de Dieu, mon père, s’écria-t-elle, ne me forcez pas vous-même à vous déshonorer. Étouffez ce mouvement d’avarice qui vous porte à dépouiller un homme d’un bien qui ne vous appartient pas. Laissez-le jouir en paix de ses richesses au lieu de chercher à les lui ravir. — Tais-toi, fille insolente, dit le vizir en colère. Il te sied bien de blâmer mes desseins. Ne me réplique pas davantage. Je veux que tu ailles chez Aboulcasem, et je jure que si tu reviens sans avoir vu son trésor, je te plongerai un poignard dans le sein. »

Balkis se voyant dans la triste nécessité de faire une démarche si périlleuse, se retira dans son appartement, accablée de tristesse. Elle prend de riches habits et se pare de pierreries, sans toutefois donner à ses charmes tout ce que l’art y pouvait ajouter ; mais il n’en était pas besoin. Sa beauté naturelle