Page:Les Mille et Un Jours, trad. Pétis de la Croix, 1919.djvu/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
51
CONTES ORIENTAUX

Cessez donc de répandre des pleurs et de vous affliger. — Ah ! Seigneur, s’écria Balkis à ce discours, ce n’est pas sans raison que vous passez pour le plus généreux de tous les hommes. Je suis charmée d’un procédé si beau, et je ne serai point satisfaite que je n’aie trouvé quelque occasion de vous en marquer ma reconnaissance. »

Après cette conversation, le fils d’Abdelaziz conduisit la dame dans la même chambre où le calife avait couché, il y demeura seul avec elle, jusqu’à ce qu’il n’entendit plus de bruit dans son domestique. Alors, mettant un bandeau sur les yeux de Balkis : « Madame, lui dit-il, pardonnez-moi si j’en use de cette manière avec vous ; mais je ne puis vous montrer mon trésor qu’à cette condition. — Faites tout ce qu’il vous plaira, seigneur, répondit-elle ; j’ai tant de confiance en votre générosité, que je vous suivrai partout où vous voudrez. Je n’ai plus d’autre crainte que celle de ne pouvoir assez reconnaître vos bontés. » Aboulcasem la prit par la main, et l’ayant fait descendre dans le jardin par l’escalier dérobé, il la mena dans le souterrain, où il lui ôta son bandeau.

Si le calife avait été surpris de voir tant de pièces d’or et tant de pierreries, Balkis le fut bien davantage. Chaque chose qu’elle regardait lui causait un extrême étonnement. Néanmoins ce qui attira le plus son attention, et ce qu’elle ne pouvait se lasser de considérer, c’étaient les premiers maîtres du trésor. Elle lut l’inscription qu’on voyait à leurs pieds. Comme la reine avait un collier de perles aussi grosses que des œufs de pigeon, Balkis ne put s’empêcher de se récrier sur le collier. Aussitôt Aboulcasem le détacha du cou de la princesse, et le mit à celui de la jeune dame, en lui disant que son père jugerait par là qu’elle