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LES MILLE ET UN JOURS

aurait vu le trésor ; et afin qu’il en fût encore mieux persuadé, il la pria de se charger des plus belles pierreries. Elle en prit une assez grande quantité qu’il lui choisit lui-même.

Cependant le jeune homme craignant que le jour ne vint tandis qu’elle s’amusait à regarder toutes les merveilles du souterrain, qui ne pouvaient fatiguer sa curiosité, lui remit le bandeau sur ses yeux, la fit sortir, et la conduisit dans une salle où ils s’entretinrent ensemble jusqu’au lever du soleil. Alors la dame, après avoir témoigné de nouveau au fils d’Abdelaziz qu’elle n’oublierait jamais sa retenue et sa générosité, prit congé de lui, se retira chez elle, et alla rendre compte à son père de ce qui s’était passé.

Ce vizir, uniquement occupé de son avarice, attendait impatiemment sa fille. Il craignait qu’elle n’eût pas assez de charmes pour séduire Aboulcasem. Il était dans une agitation inconcevable. Mais lorsqu’il la vit revenir avec le collier, et qu’elle lui montra les pierreries dont le jeune homme lui avait fait présent, il fut transporté de joie. — Eh bien, ma fille, lui dit-il, as-tu vu le trésor ? — Oui, seigneur, répondit Balkis, et pour vous en donner une juste idée, je vous dirai que quand tous les rois de la terre ensemble uniraient leurs richesses, elles ne seraient pas comparables à celles d’Aboulcasem ; mais quels que soient les biens de ce jeune homme, j’en suis encore moins charmée que de sa politesse et de sa générosité. » En même temps, elle lui conta toute l’aventure. Il fut peu sensible à la retenue du fils d’Abdelaziz, et il aurait mieux aimé que sa fille eût été déshonorée, que de ne pas savoir où était le trésor qu’il voulait découvrir.

Pendant ce temps-là Haroun-al-Raschid s’avançait