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CONTES ORIENTAUX

vers Bagdad. D’abord que ce prince fut de retour dans son palais, il remit en liberté son premier vizir ; il lui rendit sa confiance, et après lui avoir fait le détail de son voyaye : « Giafar, lui dit-il, que ferai-je ? Tu sais que la reconnaissance des empereurs doit passer le plaisir qu’on leur a fait. Si je me contente d’envoyer au magnifique Aboulcasem ce que j’ai de plus rare et de plus précieux dans mon trésor, cela sera fort peu de chose pour lui. Cela sera même au-dessous des présents qu’il m’a faits. Comment donc pourrai-je le vaincre en générosité ? — Seigneur, lui dit le vizir, si votre majesté m’en veut croire, elle écrira dès aujourd’hui au roi de Basra, pour lui ordonner de remettre le gouvernement de l’État au jeune Aboulcasem : nous ferons aussitôt partir le courrier, et dans quelques jours, je partirai moi-même pour aller porter les patentes au nouveau roi. »

Le calife approuva cet avis. « Tu as raison, dit-il à son ministre ; c’est le moyen de m’acquitter envers Aboulcasem et de me venger du roi de Basra et de son vizir, qui m’ont fait un secret des sommes considérables qu’ils tirent de ce jeune homme. Il est même juste de les punir de la violence qu’ils lui ont faite, et ils ne sont pas dignes des places qu’ils occupent. » Il écrivit sur-le-champ au roi de Basra, et fit partir le courrier. Il se rendit dans l’appartement de Zobéide pour lui conter aussi le succès de son voyage, et lui présenter le petit page, l’arbre et le paon. Il lui fit aussi présent de la demoiselle. Zobéide la trouva si charmante qu’elle dit à l’empereur en souriant qu’elle acceptait cette belle esclave avec beaucoup plus de plaisir que les autres présents. Le prince ne garda pour lui que la coupe ; le vizir Giafar eut tout le reste, et ce ministre, comme il avait été