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LES MILLE ET UN JOURS

résolu, disposa toutes choses pour partir peu de temps après.

XIII

Le courrier du calife ne fut pas plutôt dans la ville de Basra qu’il se hâta de transmettre sa dépêche au roi, qui ne put la lire sans sentir une vive douleur. Ce prince la montra à son vizir : « Aboulfatah, lui dit-il, vois quel ordre fatal le commandeur des croyants m’envoie. Puis-je me dispenser d’obéir ? — Oui, seigneur, répondit le ministre ; ne vous abandonnez point à votre affliction. Il faut perdre Aboulcasem : je vais, sans lui ôter la vie, faire croire à tout le monde qu’il est mort. Je le tiendrai si bien caché qu’on ne le verra jamais. Par ce moyen vous demeurerez toujours sur le trône et vous aurez toutes les richesses de ce jeune homme ; car, quand nous serons maîtres de sa personne, nous lui ferons souffrir tant de maux que nous l’obligerons à nous découvrir son trésor. — Fais ce que tu voudras, reprit le roi ; mais que manderons-nous au calife ? — Reposez-vous encore de cela sur moi, repartit le vizir. Le commandeur des croyants y sera trompé comme les autres. Laissez-moi seulement exécuter le dessein que je médite et que le reste ne vous cause aucune inquiétude. »

Aboulfatah, accompagné de quelques courtisans qui ne savaient pas son intention, alla voir Aboulcasem. Il les reçut comme les premières personnes de la cour. Il les régala magnifiquement. Il fit asseoir le