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LES MILLE ET UN JOURS

les hommes. » Giafar obéit ; il choisit dix mille chevaux et se mit en marche avec eux.

Venons présentement au fils d’Abdelaziz, et disons pourquoi le vizir Aboulfatah ne le trouva plus dans le tombeau où il l’avait laissé. Ce jeune homme, après avoir été longtemps évanoui, commençait à reprendre ses esprits, lorsqu’il se sentit saisir par des bras vigoureux qui le tirèrent du cercueil et le posèrent à terre. Il crut que c’était encore le vizir et ses esclaves qui voulaient recommencer à le maltraiter : « Bourreaux, leur dit-il, donnez-moi la mort, si vous êtes capables de pitié. Épargnez-moi des douleurs qui vous sont inutiles, puisque je vous déclare encore que vos tourments ne m’arracheront jamais mon secret. — Ne craignez rien, jeune homme, lui répondit une des personnes qui l’avaient tiré du cercueil ; au lieu de venir vous maltraiter, nous venons à votre secours. » À ces paroles, Aboulcasem ouvrit les yeux, les jeta sur ses libérateurs, et reconnut parmi eux la jeune dame à qui il avait montré son trésor. « Ah ! madame, dit-il, est-ce vous à qui je dois la vie ? — Oui, seigneur, répondit Balkis, c’est à moi et au prince Aly, mon amant, que vous voyez ici. Instruit de toute votre générosité, il a voulu partager avec moi le plaisir de vous délivrer de la mort. — Il est vrai, dit le prince Aly, et j’exposerais dix mille fois ma vie, plutôt que de laisser périr un homme si généreux. »

Le fils d’Abdelaziz ayant entièrement repris l’usage de ses sens par le secours de quelques liqueurs qu’on lui donna, fit à la dame et au prince Aly des remerciements proportionnés au service reçu, et leur demanda comment ils avaient appris qu’il respirait encore. « Seigneur, lui dit Balkis, je suis fille du vizir Aboulfatah. Je n’ai pas été la dupe du faux bruit de votre mort.